[RP] Introduction Isawa Yoko : A l'ombre du pinceau

Yoko se cacha derrière la colonne suivante, à 2 mètres de sa forme illusoire qui restait seule sur le passage du tourbillon.

- Merci ! Je vous en prie, pouvez vous m'aider à nouveau ?

Alors qu'elle s'adressait dans un murmure aux esprits, elle fouilla dans sa sacoche pour en extraire l'autre parchemin dont elle avait besoin. Le sort était cette fois plus complexe, mais Yoko se devait d'y parvenir. Elle espérait créer un vent plus violent que celui du tourbillon, pour disperser ce dernier et faire tomber l'invocation. Elle déroula le rouleau sur ses genoux et tâcha de rester aussi calme que possible. Son double lui donnerait un peu de répis.

[Je lance un sort de niveau 2 : Invocation mineure de vent ]

Yoko sentit que la dynamique de fuite ne la mènerait nulle part mais n'eût d'autre choix de détaler à nouveau. Penser dans la précipitation était difficile et le vent était un élément tenace et patient. Yoko finirait épuisée avant que la tornade ne la lâche. Elle savait que le but de l'histoire n'était pas une affaire de vitesse mais bien d'usure. Tant que Yoko ne parviendrait pas à régler la situation, la tornade continuerait de la chasser, lentement mais inéxorablement.

Quand elle eût mis juste assez de distance entre elle et le tourbillon pour avoir de quoi faire, Yoko, le souffle court, attrapa le parchemin qu'elle savait rangé sur le côté de sa sacoche. Elle le mettait toujours ainsi, car il était d'une aide précieuse.
Elle le déroula d'un geste ample. C'était son invocation préférée. Celle du vent béni.

- Oh kamis du vent, je ne peux pas lutter de front, mais je peux tenir bon. Prétez moi votre aide, je vous en conjure !



[Je lance un sort niveau 1 : Vent béni]

- Je n'ai rien, Uona-senseï.

En tout cas, le corps de Yoko était intact. Contrairement à son égo : Yoko avait été toujours pris soin d'être une élève appliquée et voilà que ça n'avait pas servi à grand chose. Cette affaire de double parchemin était des plus embêtantes, surtout. L'exercice, si ça n'en avait pas été un, aurait été une catastrophe en situation difficile.
Yoko avait la sensation de n'avoir fait que.... brasser du vent. Son coeur se pinça. Elle imaginait déjà la déception du maître de l'Air. Etait-elle un mauvais shegunja ?
La seule chose qui la consolait, c'était que les esprits avaient bien voulu accéder à ses nombreuses requêtes et elle leur en était reconnaissance.

Elle attendit piteusement que le Maître de l'Air donne son verdict.

Et le verdict ne tarda pas. Maitre Uona se releva et s'adressa à son élève :

- Nous avons de nombreuses choses à voir ensemble à ce que je constate... Tout d'abord, que retiens-tu de cet exercice ?

Yoko posa sa main sur son bras opposé, honteuse.

- Je n'ai pas su trouver l'attitude efficace. L'air est si impressionnant. Il me semblait inarrêtable. J'avais beau chercher, aucune de mes idées n'étaient viables à long terme. J'ai été suprise, ça m'a fait perdre tellement de temps. Les rouleaux de prière, ils... ils demandent une rapidité et une organisation que je n'ai pas.
Il y a sûrement une bien meilleure stratégie, seulement... je n'arrive pas à savoir laquelle.

La jeune fille se voyait déjà congédiée de l'école Isawa sous les quobilets de tous. La voix avait fait erreur. Comment pourrait-elle l'annoncer à ses parents ?

Evidement, tout ceci paraissait absolument logique dit ainsi, dans le calme. Yoko se trouva idiote de ne pas y avoir pensé. Ah, ce que l'instinct pouvait être fort dans la panique.
Mais le sourire d'Uona rassura la jeune fille. Elle se demanda si tous les Maîtres étaient si compréhensifs pour leurs élèves. Elle avait de la chance qu'Isawa Uona veuille bien s'occuper de son enseignement. C'est étrange, se dit Yoko. C'est comme si elle n'était pas à l'aise ici.

Les élèves pouvaient-ils aussi rassurer leur maître ?

- Je ferais de mon mieux, Uona-senseï !

Et ainsi commença la deuxième journée d'enseignement de Yoko.

[HRP] Création de personnage a écrit:
Art de laTromperie
Tornade
Vent béni

Maître Uona en resta finalement aux sorts utilisés par Yoko durant l'exercice. Les invocations pensées dans l'urgence témoignaient souvent de l'esprit de leur utilisateur. Le temps fila à toute vitesse. Si bien que ce fût la cloche des cours qui les surprit pour leur annoncer que la séance était terminée.
Le Maître et l'élève se quittèrent. Yoko songea qu'une fois encore, elles n'avaient pas abordé la voix.
Cette séance de travail assidu mais tranquille avait permis à Yoko de recouvrer les forces qui lui manquaient depuis la veille.
Elle s'empressa de retourner chez elle, le coeur incroyablement léger. Comme par mimétisme, un vent gai serpentait follement dans les rues en agitant les bannières flamboyantes du clan.

En s'annonçant dans l'entrée de sa maison, elle y trouva une paire de sandales supplémentaires. En liesse, elle apparu sur le seuil de la salle à manger et y trouva ce qu'elle cherchait.

- Oni-san !

Tsugukira reposa sa tasse de thé et sa mère en fit autant. Jetant un regard vers l'entrée il lança à sa soeur :

- Tiens, voilà le petit héro de la semaine !

Le ton ironique était particulièrement notable dans la phrase.

- Moi aussi je suis contente de te voir.

Répondit Yoko avant de rejoindre le salon. Tsugukira, égal à lui-même. Elle salua tout le monde et s'installa avec eux, bientôt munie d'une tasse de thé apportée par un serviteur.

- Tu as fais bon voyage ? Comment se passe ton affectation au village ?

Le frère de Yoko fronça les sourcils, bu une nouvelle gorgée de thé et répondit :

- C'est calme pour le moment, mais les bushis ne sont jamais vraiment au repos. J'aimerai quand même pouvoir voyager un peu.

La mère de Yoko sembla avoir un regard désapprobateur à ce moment là. Elle demanda alors à sa fille comment s'était déroulée sa journée.

Yoko aurait bien voulu demander à son frère où il comptait voyager mais le sujet semblait sensible.
Elle leur raconta donc sa journée, parla avec enthousiasme de Maître Uona et des exercices en faisant attention à ne pas rendre le récit trop long pour ne pas fâcher son frère.
Elle termina son histoire en ajoutant.

- Hier, j'ai entendu une voix dans mon esprit mais Maître Uona n'y était pour rien et ne m'a pas expliqué ce que c'était.

Elle se tourna vers sa mère sur ces mots, l'interrogeant du regard. Les membres du clan du Dragon, même s'ils n'étaient pas tous des mystiques, possédaient une sérieuse formation spirituelle. Peut être que Kazeageyo aurait une explication à donner, elle qui connaissait le clan Isawa depuis longtemps.

Cette conclusion sonnait bien étrange de la part de sa mère. Lorsqu'elle fut certaine qu'ils étaient bien seuls dans la pièce, Yoko vint s'assoir près de son grand frère et lui sourit. Fut un temps, elle lui aurait prit la main et ils seraient allés marcher dans le jardin. A présent qu'elle était grande, Yoko ne pouvait plus se permettre de tels gestes d'affection

- Je suis vraiment heureuse de te revoir, oni-san. Dis moi, est-ce que tout va bien ? Tu as l'air préoccupé...

Yoko connaissait son frère par coeur. Elle savait quand il avait mal dormi, quand quelque chose le tracassait, quand il taisait une douleur sourde, et même s'il mangeait correctement. Elle admirait l'abnégation de samouraï dont il faisait preuve mais rien ne lui échappait vraiment dans l'attitude de Tsugukage, même si elle faisait parfois mine de ne pas le remarquer.

-Veux-tu que nous allions nous promener un peu ? Les pruniers sont très beaux... Ils devaient savoir que tu rentrerais.

- Je ne dirais rien...

Yoko attrapa un pétale au vol entre ses doigts et  le regarda un instant avant de le lâcher.
Tsugukira avait toujours eu, comme les fleurs, une volonté de s'envoler et d'aller voir le monde. Sa mère n'aimait pas cette idée, car un bushi sur les routes avait mauvaise réputation. Il semblait ne pas vouloir servir de seigneur et était facilement associé à la caste des rônin. Et ce n'est pas que Kazekageyo attendait de son fils.

-Peut-être qu'après cela, on t'enverra plus loin, où tu pourras voyager et voir l'empire ?

Elle ne savait comment consoler son frère. Cela ne réjouissait pas Yoko car les mois étaient déjà longs entre chacune de ses visites. Mais bientôt ce "retour à la maison" n'aura plus lieu d'être car...

-J'ai vu les émissaires venir à la maison pendant que tu n'étais pas là.

Evidement, dans la bouche de Yoko, le mot émissaire se rapportait à des affaires de mariage. Ils n'auraient que peu de temps pour évoquer leurs fantômes respectifs. Yoko attrapa le col de son kimono d'une main et regarda au travers des branches nacrées dans le couchant.

- J'ai peur, Tsugukira. Peur de la fin de cette semaine. Peur d'après.

Le vent se leva, balayant un instant le sentier du jardin. Yoko se remit à marcher. C'était dit et ne devrait plus être prononcé.

- Les émissaires... Tu veux dire... la famille de tes futurs prétendants !

Il eut à large sourire en disant cela.

- Alors que vas-tu choisir ? La vie de shugenja avec un mari estropié dont on ne demandera pas pourquoi il reste au domicile ? Ou celle d'épouse destinée à élever tes futurs enfants. Ou bien encore... la vie monastique peut-être ?

Si toutes ces possibilités étaient données sur un demi-ton de rigolade. Il n'en restait pas moi que Tsugukira était sérieux et le sujet l'était tout autant.

- Dis moi tout petit phénix... Et je t'aiderais peut-être...

Yoko s'assit sur un banc en pierre et croisa les mains sur ses genoux où très vite des feuilles se logèrent dans leur chute. Elle ne parvenait pas à sourire aux gentilles plaisanteries de Tsugukira.

- Je me suis beaucoup posée la question, grand frère. Et je connais la réponse.

Elle glissa une mèche  fuyante derrière son oreille.

- Je serai shugenja. Je ne l'ai pas dis à maman tout à l'heure, mais la voix que j'ai entendu... Ca va te paraître présomptueux si c'est moi qui le dit. Elle m'a murmuré : "L'Air t'a choisi, jeune Isawa." Qui suis-je pour m'opposer à cela ?
Je ne te l'ai jamais avoué mais chaque fois que j'entendais les voix dans les arbres, les buissements du vent, je comprenais. Pas les paroles, mais les intentions au delà. Je sais que ma place est là. C'est une de mes seules certitudes depuis toutes ces années. Après cette journée avec Maître Uona, je n'ai plus aucun doute à ce sujet.
Alors si ce que tu dis qui m'attend est vrai... Soit.

La phrase de Tsugukira avait fait du mal à Yoko, et elle le cachait du mieux qu'elle le pouvait. La réalité serait donc si amère ? Elle n'avait pas de doute sur ce qu'un mariage était : une alliance diplomatique. Mais elle savait que parfois, le hasard était plus tendre. Les époux finissaient par avoir de l'affection l'un envers l'autre. Yoko avait souvent pensé à un samouraï un peu plus agé, et souvent absent certes, mais pas à un... mari estropié. Tsugukira parlait avec amertume parce que lui-même n'était guère heureux. Son mariage lui causait des ennuis, avait failli le fâcher avec leur père, et le retenait loin de cet horizon qui lui plaisait tant. Yoko eût envie de pleurer. Alors elle se releva et chassa les feuilles d'un revers de main.
La présence des esprits ou celle des enfants : comment pouvait-elle vraiment décider, à seulement quatorze printemps ? A un moment, elle regretterait forcément son choix, quel qu'il soit et elle le savait.

- Voici un petit secret pour toi alors petit Phénix. Tu n'auras malheureusement pas le choix. Ta famille choisit et tu te dois d'honorer ce choix, de rester humble devant cet honneur et de le respecter.

Cela ne pouvait pas enchanter Yoko étant donné ses réflexions actuelles.

- Toutefois, si j'étais toi, je ferais confiance à ma famille. Les Isawa savent quelle est la valeur des shugenja. Leur potentiel est très respecté chez nous. Si la famille se rend compte de ton don, alors le choix ira dans ton sens.

Il prit alors sa main dans la sienne.

- Tu sais ce qu'il te reste à faire ?! Fais donc en sorte que Maitre Uona soit fière de toi, petit Phénix.

- Ni-san...

Yoko serra la main de son frère avant de la lâcher.

- Est-ce que toi, tu... Tu es heureux du choix qu'ils ont fait pour toi ? Même si tu le respectes quoi qu'il fut ?

La cloche du dîner sonna dans la maison. Yoko attrapa les revers du kimono de son frère et les rajusta pour qu'ils soient bien droits.

- Peut-être le deviendra-t-elle ? Nous ne savons jamais où le vent nous mène.

Le repas fut surtout animé par les discussions entre Tsugukira et son père. Ils avaient ce genre de discussions militaires et politiques chaque fois que le frère de Yoko revenait à la maison.
La jeune fille ne toucha que du bout des lèvres à ce qu'on lui présentait. Chaque bouchée semblait tomber dans son ventre comme une pierre. Du coin de l'oeil, Yoko observa ses parents.

On l'autorisa finalement à aller se coucher mais le sommeil tarda à venir. La discussion de la soirée ne cessait de la tourmenter. Yoko avait appris deux choses de cette journée : la première, que l'homme était bien peu de chose dans l'Univers Céleste. La suivante, que son frère lui avait menti en partie.
Yoko fit un rêve troublant. Elle courrait dans une forêt qui devait être le bois Isawa Mori mais qui n'en avait absolument pas l'air. Les arbres étaient immenses et d'un bleu terrifiant. Yoko fuyait quelque chose qui venait derrière elle sans jamais se montrer. Sa course ne semblait jamais pouvoir aboutir. Chaque pas s'avérait plus lent et difficile que le précédent. Et ce qui était dans son dos la rattrapait inéxorablement.

Yoko se réveilla brusquement. Il faisait encore nuit mais le chant d'une alouette lui indiqua que l'heure de se lever n'était pas loin. Elle sorti du lit, ne voulant pas prendre le rsique de retourner dans son rêve puis plia son futon et laissa la porte entrouverte pour signifier à la personne chargée de la réveiller que c'était déjà le cas.
Enfin, elle se força à manger convenablement et pria dans le jardin, près de la stèle privée, jusqu'à ce qu'il fut l'heure de partir au temple pour retrouver Uona-senseï.