[RP] Introduction Isawa Yoko : A l'ombre du pinceau

L'euphorie contenue des élèves était palpable malgré tout. Les visages étaient radieux et fascinés par ces apparitions élégantes et surnaturelles.

Hajimemashite pensa Yoko à l'adresse du magnifique tourbillon qui vrillait l'air dans sa main. "Enchantée de vous rencontrer". L'air lui chatouilla la paume. Le sourire de Yoko s'élargit. C'était la première fois qu'elle communiquait si directement avec un kami. L'humeur délicieuse de celui-ci lui plaisait déjà et elle se sentit très honorée de sa complicité. Elle devinait qu'il avait du caractère. De temps en temps, la minuscule tornade s'amusait malicieusement à soulever une de ses mèches brunes. Yoko se laissa faire avec plaisir. Elle avait l'intuition que le kami l'observait et l'apprivoisait à sa manière.

Elle jeta un oeil vers ses camarades. Tout le monde se congratula du regard sans dire un mot, la poitrine gonflée par l'émotion, paume ouverte sous les manifestations éblouissantes des 5 éléments.
Le spectacle était magnifique et impressionant tout à la fois. C'était tout un pan de l'enseignement qui prenait littéralement forme devant eux, qui devenait tangible. Yoko mesura l'honneur qu'elle recevait de la part des divinités.

Un coup de gong résonna dans tout le bâtiment, sortant un instant les esprits de leur intimité et plongeant le moment dans une solennité sacrée.

A ce moment là, le serviteur de l'Ecole murmura à l'attention de Yoko et sans bouger d'un centimètre.

- Maitre Uona vous attend.

Et le petit tourbillon s'échappa en direction de l'intérieur de l'école. Surprise sur le coup Yoko resta en place. Le petit tourbillon, qui s'était éloigné presque à perte de vue refit lla moitié du chemin en sens inverse vers Yoko et attendit là. Continuant de tournoyer sur lui-même.

Yoko était charmée.
Elle s'inclina devant le serviteur avant de suivre le chemin tracé par le petit tourbillon. L'aile vers laquelle il menait la jeune fille était de plus en plus vide et tranquille. Au loin, des fujin tintaient, semant des notes aériennes et éphémères.
Maître Uona...

Le nom était connu de Yoko, quoi qu'elle n'avait encore jamais eu le privilège de le recontrer directement. Tout au plus l'avait-elle aperçu à l'ouverture de cette étrange journée. Elle se rémémora les leçons de l'école et celles de la politesse. Les mots de sa mère trottaient dans sa tête. "Fais nous honneur."
Elle espérait de tout coeur ne pas faire de faux pas, alors que l'idée fantastique qu'elle allait rencontrer le Maître de l'Air se disputait ses émotions. Le courant d'air marchait quelques pas devant elle, l'escortant juqu'à ce qu'enfin, elle fut arrivée.

Yoko s'inclina bien bas devant cette figure d'autorité et de puissance. La douceur du personnage ne devait pas faire oublier son rang, et les raisons d'un tel statut.

- Hajimemashite, Uona senseï.

Le ciel avait pris une couleur d'un bleu lacté, largement blanchie par l'astre levant. Ce serait une belle et fraîche journée de printemps.
Yoko attendit que Uona lui fasse signe de se redresser pour se retrouver face à cette femme, qui la jaugeait sans rien laisser transparaître, avec sérieux et bienveillance.

Yoko réfléchit un bref instant.

- J'ai une question, Uona-senseï. La voix que j'ai entendu dans le temple tout à l'heure, celle qui a résonné dans mon esprit, était-ce vous ?

L'enfant ne su pas trop quoi penser de cette dernière phrase. D'où venait la voix, dans ce cas ? L'idée d'une "réévaluation" l'inquiétait un peu. Avait-elle fait une erreur ?
Elle réfléchit à nouveau. Elle savait qu'elle devrait poser des questions mais aucune ne se présentait distinctement à son esprit. Oh, elle aurait voulu tout connaître de cette semaine. Mais si Maître Uona restait vague, c'est qu'il devait en être ainsi. Elle pensa à sa maison.

- Dois-je changer quelque chose à mes habitudes cette semaine ? Je veux dire... pour avertir l'intendance de la maison...

Yoko se sentit un peu idiote de poser cette question. Elle ne savait pas si les épreuves influaient sur l'alimentation ou les heures de sommeil. Elle ignorait même si elle pourrait rentrer dormir chez elle. Elle ne voulait mettre personne dans l'embaras, et encore moins se comporter de travers.

LA réponse de Maitre Uona fut simple et rapide à cette question.

- Non...

Elle se permit de développer un peu ce point de vue tout de même.

- Tu auras le même rythme que lors de tes cours à l'école. Autre chose ?

- Non, Uona-senseï.

La jeune fille baissa les yeux. Ce n'était pas le manque de curiosité, mais elle ne savait par où commencer.
Ai confiance, dit une petite voix à son oreille, tout va bien se passer.
Maître Uona lui donna donc congé. Yoko s'inclina et quitta la terasse au cerisier pour se rendre au temple, un grand monument qui disait l'importance que le clan du Phoenix accordait au domaine spirituel.
Elle trouva bientôt le prêtre dans le bâtiment emplis de lampes à huile et d'encens. Comme tous les hommes de religion, il avait le crâne complètement rasé et lisse et portait la robe officielle, qui donnait à la fois son rôle et son statut.

Après avoir salué le prètre avec grand respect et l'avoir informé qu'elle venait de la part de son maître pour aider, Yoko fut ammenée là où devait avoir lieu la cérémonie. D'autres moines étaient présents, également.

- Non, merci beaucoup Shisai-san.

Yoko allât donc se changer dans une petite pièce munie d'un banc où elle trouva un kosode, le kimono réglementaire pour les servantes du culte, à enfiler sur son hakama rouge. Il y avait un bol pour se laver les mains et le visage.

Ensuite, l'enfant s'affaira à allumer tous les batons d'encens, en prenant garde à n'en oublier aucun. Elle en profita pour réciter un sutra dans son fort intérieur. "Chaque moment doit être une prière aux kamis." C'était une des premières leçons qu'elle avait reçu à l'école. Les batons situés en hauteur lui donnèrent un peu plus de mal, car Yoko n'était pas grande, mais en se hissant bien, elle y parvint. Les moines qui passaient la regardaient avec un sourire attendri. Yoko aurait bien voulu faire quelques centimètres de plus.

Bientôt, toute la salle fut emplie par le parfum d'ambre brûlé de l'encens. La foule entrait en silence, les getas claquaient sur le parquet comme de l'eau sur les galets d'une rivière. Le temple fut rapidement plein. Le clan du Phoenix assistait avec une rigueur particulière aux offices religieux.
L'élève fila rejoindre l'extérieur, longeant les colonnes par derrière, où les priants ne passaient pas.
A l'entrée, un moine lui remit une navette qui embaumait la myrrhe et le cèdre bleu.

Les derniers fidèles couraient pour ne pas manquer l'office, et le gong résonna. Alors Yoko, avec calme et concentration, imprima un mouvement de balancier à la navette. La fumée consacrée accompagna sa marche vers l'intérieur du temple principal, laissant derrière elle de longues volutes blanches aux formes chimériques.

Yoko poursuivit son sûtra. Elle était ravie de pouvoir aider le temple. Les enfants de l'école avaient de nombreux cours, complexes et exigeants. Pour une fois, la jeune fille pouvait être utile à la communauté plus directement, et elle en ressenti un plaisir doux, qu'elle dédia aux Fortunes dans le secret de son coeur.
Elle arriva finalement au bout de la rangée principale, répandant partout l'odeur musquée de sa navette. A chaque mouvement de balancier, elle souhait quelque chose de positif pour la foule assemblée, imaginant que la fumée chasserait les noires pensées de sa blancheur évanescente.
Devant l'autel, chargé d'offrandes et de fleurs, elle remit le diffuseur à un moine qui lui tendit les deux mains pour recevoir l'objet.

Et comme elle l'avait vu faire des centaines de fois par d'autres officiants, elle s'écarta par le côté, se faisant légère comme une brise pour ne pas faire de bruit. Elle trouva une place près des colonnes, s'y assit, et entama les prières avec la foule assemblée.
La première prière s'adressait aux milliers de Fortunes qui habitaient Rokugan. On leur demandait de protéger l'Empereur, son royaume et son peuple, et de se montrer bienveillantes avec tous les êtres vivants.
Ensuite vinrent les oraisons à Benten, Bishamon, Daikoku, Ebisu, Fukurojin, Hotei et Jurojin. Les 7 Fortunes majeures qui intercédaient pour les mortels auprès des kamis et des divinités. Pour les élèves Isawa, c'était toujours un moment important. Ceux qui étudiaent pour devenir shegunja devaient être particulièrement attentifs et présents dans leurs voeux, car le rapport qu'ils tissaient avec les êtres supérieurs serat fondamental toute leur vie.

La dernière prière achevée, Yoko s'éclipsa de nouveau vers l'entrée. Le gong sonna à nouveau, annonçant le "vrai" début de la journée. Le rituel accompli, le monde suivrait l'ordre céleste sans encombre.

Yoko s'inclinait devant chaque personne qui sortait du temple, leur offrant son plus beau Kansha Shiteimasu ! (Nous vous sommes reconnaissants !). Elle l'avait entendu tant de fois, c'était étrange de voir les positions s'inverser.
Elle aperçu subreptissement une allure qu'elle connaissait bien. Sa mère était venue au temple plutôt que de prier à la maison. Il s'agissait de ne pas se laisser démonter, et Yoko poursuivit les remerciements traditionnels jusqu'à ce que le temple soit vide et à nouveau plongé dans son silence.

Elle allât se laver les mains et vint se présenter au prêtre qui l'avait accueilli. Peut-être qu'elle devrait rester pour les aider à nettoyer la salle.

Yoko éprouvait une vraie fatigue physique. Les étudiants étaient habitués à la fatigue de l'esprit, celle qui nait de la concentration et de la réflexion. La lassitude de la jeune fille épargnait son mental mais se diffusait dans son corps, lui procurant le délicieux sentiment d'avoir occupé sa journée d'une bonne façon. Elle quitta donc le temple principal en saluant les moines qu'elle croisa en partant.

On lui avait offert un petit gateau de riz, qu'elle avait décidé de garder de côté. Lorsqu'elle revint à l'école comme prévu, elle chercha d'abord Iekata, qu'elle dénicha au hasard d'un couloir. Elle lui offrit le gateau et ses remerciements pour son conseil du matin. Il lui avait été d'une grande aide.
Le serviteur en profita pour lui indiquer où elle pourrait trouver Isawa Uona.

Yoko se rendit donc auprès du Maître de l'Air pour lui rende compte de sa journée, comme elle l'avait demandé.

Yoko salua son maître avant de faire le bilan de ce qu'elle avait accompli.

- La journée s'est bien passée, Uona-Senseï. Les prêtres semblaient contents de mon travail.

Yoko refit le tour de ses observations avant de poursuivre.

- J'ai beaucoup apprécié de pouvoir me rendre utile de cette façon. C'étaient des travaux simples mais ils m'ont semblé très importants pour les gens. J'ai eu l'impression que la sophistication n'était pas nécessaire pour atteindre quelque chose de bien. Que pour être digne de ce rôle, il fallait savoir faire preuve d'humilité et de concentration. Il m'a semblé que les moines avaient atteint un équilibre, ou un bonheur, dans cette simplicité. Peut-être sont-il aussi respectés pour cela, parce qu'ils n'exigent rien pour leur rôle d'intermédiaire ? Leur dévouement m'a touché.
J'étais heureuse de participer à cette journée, Uona-senseï. Je le referas volontiers si le temple a encore besoin d'aide.
Je n'avais jamais remarqué à quel point le temple était plein lors des cérémonies. Tous ces gens comptent sur nous, n'est-ce pas ?

Yoko n'ajouta pas qu'il lui faudrait aussi 5 bon centimètres de plus.

Yoko s'inclina et quitta le Maître de l'Air.
En descendant les escaliers, elle s'avoua un peu déçue. Elle aurait aimé connaître l'avis d'Isawa Uona sur cette étrange voix qui avait murmuré dans sa tête.

Elle rentra chez elle, engourdie par ses activités du jour. Bientôt, elle retrouva le mur familier de la maison.
- Tadaima ! Lança-t-elle dans l'entrée pour signaler qu'elle était rentrée. Elle abandonna ses chaussures dans l'entrée avant de se hisser sur le parquet.
Yoko alla s'assoir dans le salon, dont un pan avait été replié pour laisser voir le jardin. Une fois installée sur un coussin, il lui sembla qu'elle ne pourrait plus se relever.
Une servante vint lui apporter une tasse de thé, que Yoko accepta avec gratitude. La chaleur du liquide mélée à la fatigue la plongea dans une torpeur qui se transforma doucement en un demi sommeil.

Elle n'oublia pas sa sacoche de parchemin et prit le temps d'un véritable repas, ou le reste de la semaine irait en pénibilité. Yoko n'aurait pas dit non à une heure de sommeil supplémentaire.

C'est à la fois enthousiaste et un peu endormie qu'elle retourna au temple, saluant les ancêtres au passage.
Yoko se rendit une fois de plus sur la térasse au cerisier pour retrouver son maître. Elle était arrivée avant l'heure, alors ses yeux se perdirent dans les branches et sur les rouleaux de prière. Leur calligraphie était d'une immense qualité.

La jeune fille regarda, estomaquée, la tornade qui venait d'appaître devant elle. Etait-ce... Etait-ce normal comme exercice ? Maître Uona ne montrait aucune intention positive, concentrée sur son invocation.
Le vent commença à secouer les alentours, mettant à nue les branches du cerisier en quelques secondes. Yoko elle-même commençait à glisser sur le sol. Elle se planta plus fortement dans le sol. Alors la tornade se mit à avancer vers elle, sans aucune volontée visible de vouloir s'arréter à temps.

Yoko se mit donc à courir tandis que le vent la suivait en soulevant feuilles et poussière. Elle n'avait aucune chance de résister face à une invocation. Elle devait trouver une solution pour contrer l'esprit, ou au moins se protéger. Alors elle biffurqua derrière les colonnes. Zigzagant entre elles, là où la tornade aurait du mal à garder une forme pleine, Yoko ferma les yeux et visualisa son sortilège.

Venez moi en aide chers kamis, aidez moi à tromper ses perceptions.

[Je lance le sort de niveau 1 "Art de la tromperie" afin de créer un double qui distraira assez longtemps l'esprit pour permettre à Yoko de se mettre à l'abri et de se conccentrer pour lancer une invocation mineure de vent, pour dissiper la tornade]