[RP] Introduction Isawa Yoko : A l'ombre du pinceau

Après leur pause l'ascension fut courte, elle étaient presque arrivées. Elles avaient du marcher en tout quatre ou cinq heures. Le soleil brillant de l'après-midi flamboyait au milieu d'un ciel d'un bleu très clair.

Arrivant sur le plateau le Maitre et l'élève se retrouvèrent sur un espace dégagé de quelques mètres. L'escalade n'aurait eu aucun intérêt, si ce n'est la beauté du paysage, si on ne trouvait pas au sommet un autel.

L'endroit était plutôt saugrenu, mais après tout pourquoi pas. Ce lieu devait donc avoir une signification religieuse quelconque que Yoko ignorait.

A peine le petit sentier achevé pour accéder au plateau, Uona se dirigea vers l'autel, s'inclina respectueusement et vint se recueillir au pied de l'autel. Après un moment, elle posa une fleur, qu'elle venait de sortir de sa sacoche, dans une coupelle en métal posée là.

Après un moment Shiba Uona se releva.

- Voici le "Plateau du Vent". Ici nous entamerons un rituel afin de comprendre ton rêve.

Ni une ni deux, Maitre Uona s'installa. Elle sortie de sa sacoche de l'encens, quelques poudres de diverses couleurs, une petite branche de cerisier en fleur et une craie. Elle dessina un mantra au sol et invita Yoko à se tenir dessus.

En jetant un oeil à ce que faisait son Maitre, Yoko n’aperçut qu'un seul parchemin dans la sacoche de sorts de son Maitre. Ce qui n'était pas sans l'intriguer.

Yoko se laissa guider. Uona l'invita a se remettre à méditer comme la veille. Cette fois-ci ce fut plus difficile pour l'élève de se concentrer : si les bruits environnant de la vile n'avaient pas cours ici la présence du vent était permanente et irrégulière. Il balayait quelques cheveux rebelles ne tenant pas dans sa natte, il battant ses tympans régulièrement, il était frais et la faisait frissonner régulièrement.

Uona invita Yoko à se focaliser sur sa voix et à l'utiliser pour se concentrer et si ce n'est à entrer dans un état de transe, au moins à se vider l'esprit le plus possible pour être au calme.

Puis elle lui indiqua comment faire redéfiler, ce dont elle se souvenait, dans son esprit. Les détails commencèrent à réapparaitre petit à petit pour Yoko, mais tout cela restait flou. Les éléments dont elle se souvenait étaient surtout l'arbre et ces yeux comme des rubis lui faisant face. Elle cru entendre Uona lui parler mais elle n'y prêtait déjà plus attention. Son seul point d'attention étaient ces deux rubis dans l'obscurité que la scrutait.

Son esprit était calme, et très silencieux, pas de voix comme elle l'avait déjà expérimenté. Seulement ce que, elle, imaginait.

Soudain, elle se sentit incroyablement plus légère. Le vent s'imposa à son esprit. Les courants de vents se faisaient plus violents jusqu'à ce qu'ils s'interrompent brusquement. Yoko sentait pourtant toujours la présence des esprits de l'Air. Elle ouvrit les yeux et vit Maitre Uona... d'en haut. En regardant autour d'elle, elle se rendit compte qu'elle lévitait à quelques dizaines de centimètres au dessus du sol.

Uona, de son côté, semblait en pleine incantation, son parchemin ouvert devant elle.

Yoko vit des flux d'air passer près d'elle, sous elle. L'enrobant et la maintenant en l'air quelques longues secondes avant de la redéposer doucement au sol.

A ce moment là Maitre Uona arrêta son incantation et sourit à son élève.  

- Tu as un bel avenir devant toi jeune Isawa.

- Les esprits du vent.

La réponse de Maitre Uona sonnait aux oreilles de Yoko comme une évidence.

- Les esprits du vent se sont manifestés lorsque tu as repensé à ce que tu as vu dans ton esprit précédemment. Le rituel consistait simplement à, faciliter cette communication. A percer ce qui te relie aux esprits de l'Air, pour être plus exacte. Mais tu dois trouver cela par toi-même.

Uona se fit très mystérieuse avec cette réponse et ne donna pas plus de détails à son élève. Il était temps pour elles de rentrer. Le chemin jusqu'à Kyuden Isawa était long et donnerait tout loisir à Yoko de réfléchir.

Le Maitre de l'Air reposa sa tasse. Visiblement la réponse allait être longue.

- Les kamis... et bien... Je dois dire que ce serait surement plus approprié de demander cela aux moines du temple.

La réponse finissait un brin en queue de poisson. Uona reprit :

- La légende dit qu'avant l'existence même de notre monde tel que nous le connaissons, Cinq Races dominaient les terres connues. Ces Cinq Races se sont alliées pour créer ce que nous connaissons, Rokugan, un Empire qui durerait pour l'éternité. Ces Cinq Races représentaient toutes un élément : le feu, l'air, leau, la terre, le vide. Seulement les Cinq Races disparurent. Toutefois, avant de disparaitre elles ont donné naissance aux esprits des cinq éléments. Les kamis sont les manifestations de ces esprits.

Elle prit le temps de prendre une gorgée de thé et continua :

- Nous sommes donc liés eux et nous. Ils sont le ciment fondateur de notre monde, c'est pourquoi ils interagissent avec celui-ci même si nous vivons sur deux plans différents. Et les shugenja sont dotés de la faculté de communiquer avec eux. Mais, au final, est-ce eux qui se manifestent dans notre monde, ou nous dans le leur ?

Uona n'indiqua aucune consigne particulière pour le lendemain. Elle pointa que ce serait leur dernière journée passée ensemble. Quelle serait consacrée à la pratique d'incantations pour Yoko.

Elle pourrait, à cette occasion questionner Maitre Uona si elle avait encore des zones d'ombres sur son apprentissage. Mais qu'à l'issue de la journée il était peu probable qu'elles se revoient.

- Et tu as fais tout ce chemin pour ça ? Hmmm... j'aurais trouvé cela relativement décevant pour ma part. Mais ton Maitre doit savoir ce qu'il fait j'imagine.

Le frère de Yoko restait avant tout un bushi. Les samouraïs étaient de grands pragmatique, exception faite des shugenja dont l'esprit était peut-être plus réceptif ou ouvert.

Pour un soldat, une excursion d'une journée entière sans autre but précis que la contemplation de la vallée était un peu léger.

- Peut-être que le message du jour était : ne néglige pas la préparation physique. Si j'ai bien compris Maitre Uona aime bien te donner une petite morale à la fin de chaque journée, non ?

Comme à son habitude Maitre Uona était devant son arbre, admirant ou jouant avec la brise. A l'arrivée de son élève elle arrêta de se focaliser là-dessus et salua Yoko.

- Bienvenue Yoko-san

La journée fut longue et harassante. Le Maitre de l'Air dispensa ses derniers conseils à son apprentie, insistant sur le fait qu'elle ne devait se servir de ses dons que si la situation l'exigeait, qu'un samourai n'agit jamais en catimini et que l'exercice de l'esprit était aussi important que l'exercice du corps.

Elles passèrent ensuite encore du temps à apprendre à Yoko à invoquer correctement les kami.

Avant de mettre un terme à la journée Uona demanda à son élève s'il lui restait des questions sur cette semaine passée.

Avant qu'elle ne s'en aille, Maitre Uona remercia très humblement son élève pour son cadeau. Elle le mit de côté et prit le temps de saluer convenablement Yoko.

Isawa Takekira accueilla sa fille à son retour. Dans sa tenue d'entrainement, juban orange, iaïdo rouge et hakama noir, le père de Yoko avait un air naturellement dur, dont il ne se séparait que rarement. Le côté militaire de la tenue, flanquée des mons des Isawa et d'un phénix flamboyant ne faisait que renforcer ce trait de caractère.

- Yoko-san, es-tu prête pour demain ? Ton entrainement avec Maitre Uona s'est-il bien passé ?

Après avoir médité et avoir atteint un certain niveau de calme, la soirée pu continuer son cours.

Le diner avait était un vrai festin. Plein de petits bols de riz, de légumes et de poissons variés ornaient la table. Des oeufs, des pouces de bambou, du soja, de la sole, des légumes de toutes les couleurs possibles, du thon... On mangeait rarement autant et si diversifié. On sentait qu'une ambiance de fête approchait pour le lendemain.

Repue et après s'être bien faite embêtée par son frère une fois le diner terminé et ses parents retirés à l'étage, Yoko décida d'aller se coucher. Ce coup-ci elle demanda à Yasue de la réveiller assez tôt, afin d'avoir le temps de se préparer et de se rendre à l'école avec la marge de temps nécessaire en cas d'accident.

La nuit fut calme et reposante, la digestion y étant surement pour quelque chose. Yoko rêvât surement mais elle n'en garda pas souvenir à son réveil. Comme à leur habitude une des servante vient réveiller Yoko en douceur, sans ouvrir le panneau et en disparaissant après s'être assurée que la jeune Isawa était bien éveillée. Yoko remarqua les quelques frottis de pas sur le plancher qui s'éloignaient. Elle prit donc le temps de se préparer et de passer les vêtement que l'on avait préparés pour elle. A la façon dont était plié le kimono, Yoko se doutait que c'était Yasue qui l'avait préparé. Elle avait le don pour que tout soit parfaitement plié. Alors qu'elle enfilait sa tenue, Yoko sentait une légère angoisse monter en elle. On attendait beaucoup d'elle ce jour. Et l'échec serait une vraie honte pour elle-même et sa famille. Elle ne devait pas rater son gempukku. Sa tenue était unie, orange pour les vêtements du dessous dont on ne voyait que les bords apparaitre sous le kimono rouge rubis.

Alors qu'elle commençait à se servir du thé, son frère apparu en belle tenue également, puis sa mère et enfin son père. Ils passèrent un moment silencieux lors de ce repas. Un silence qui ne rassura pas Yoko, mais au contraire qui augmentait la pression sur ses épaules.

Elle savait que le gempukku était une épreuve, elle savait aussi qu'elle devrait faire preuve de sa maitrise des enseignements qui lui avaient été dispensés à l'Ecole Isawa ainsi que par Maitre Uona.

A peine, le petit repas terminé elle partie à l'Ecole Isawa. Elle devait y être avant les autres membres de sa famille. Là on l'invitât à attendre. Comme la semaine précédente le hall avait été réaménagé, selon la même disposition. Les autres élèves étaient là également. On les fit attendre... une bonne heure avant que les Maitres ne se montrent enfin. Pas de discours cette fois-ci. Les élèves furent invités à se rassembler devant l'école. A leur grande surprise une petite foule s'était amassée là.

Yoko reconnu immédiatement sa famille, et quelques membres des familles des autres élèves. Un moine était également présent, ainsi que d'autre personnes dont les visage étaient plus ou moins connus.

Le Maitre du Feu prit alors la parole :

- Voici les cinq élèves qui passeront aujourd'hui la cérémonie du gempukku. Comme le veut la traidition pour les shugenja de l'Ecole Isawa, ils seront envoyés à la forêt d'Isawa Mori pour y faire la preuve de la maitrise des enseignement de notre école et de leur prise sur les cinq éléments. Ils seront envoyés tous les cinq dans des directions différentes mais devront tous revenir avant la tombée de la nuit. Aucun d'eux ne pourra recourir à une aide extérieure quelconque, ils devront trouver le chemin de l'illumination et de la bénédiction des Sept Fortunes seuls.

Il se retourna ensuite vers les élèves pour leur dire :

- Vous marcherez chacun une heure dans des directions différentes. A partir de là, la cérémonie du gempukku commencera. Nous, les Maitres des Cinq Eléments, seront les observateurs distants qui validerons votre passage. Nous comptons sur vous pour faire honneur à l'Ecole Isawa.

Les faces illuminées et pleines d'espoirs des aldultes s'offraient à leurs enfants. Eux aussi était passés par là. Mais seuls les shugenjas avaient une idée de ce qui attendait les élèves dans la forêt. Les bushis et les courtisans du Clan n'avaient pas à s'y rendre. Ils devaient "simplement" faire la démonstration de leur talent. Les uns par l'affrontement, les autres par les arts ou la rhétorique. Yoko ne put s'empêcher de penser qu'ils avaient la partie facile.

Ainsi, les cinq élèves se dirigèrent vers la forët d'Isawa Mori. Celle-ci commençait non loin de la cité et au bout d'une heure de marche ils étaient à l'orée de la forêt. Les Cinq Maitres les avaient accompagnés jusque là. En silence. Une fois arrivés, on leur indiqua une direction à chacun et on leur donna de quoi boire dans une gourde, ainsi qu'une ration de riz et de pain aux fruits secs pour un repas dans une petite sacoche qui venait s'ajouter à la sacoche de parchemins d'incantation des élèves.

Ils s'enfoncèrent ensuite dans la forêt chacun suivant le chemin indiqué. La forêt était dense. Yoko ne comprit pas vraiment pourquoi on appelait souvent cet endroit un bois. Des bruits dans les feuilles intriguait la jeune fille. Elle marcha tout droit, ou en tout cas ce qu'elle imaginait être tout droit, pendant un long moment. Après avoir passé en revue mentalement ses cours tout en avançant, elle commençait à être passablement fatiguée et à se demander comment elle saurait que ses épreuves commenceraient.

A ce moment là elle aperçu des torches disposés au milieu de son chemin. Deux sentiers se dessinaient alors devant elle. Chaque torche, dans leur gros montoirs en pierre taillée, semblait indiqué l'entrée de chaque sentier. La végétation dense l'empêchait de voir bien loin, d'autant que chaque chemin semblait bifurquer assez rapidement derrière la végétation. Les deux choix ne présentaient aucun signe distinctif en apparence. Droite ou Gauche. Simple, a priori.

Yoko prit le temps de boire une gorgée d'eau, le temps d'y réfléchir. C'est là qu'elle nota que courant d'air plus frais semblait venir de sa droite, alors qu'un courant d'air plus chaud se dégageait de sa gauche. Ce qui ne manqua pas de l'intriguer.

A partir de maintenant plus d'elipses temporelles autorisées

Note : attention avec l'usage du blanc. Il s'agit de la couleur des morts. Très peu utilisée donc.

Après quelques minutes de marche sur un chemin sinueux, Yoko arriva devant le passage d’une rivière. Un petit pont de deux mètre de long permettait de se rendre de l’autre côté en restant au sec. Le courant n’était pas très fort, et le niveau de l’eau devait arriver aux chevilles au grand maximum.

De l’autre côté du pont Yoko pouvait apercevoir ce qui devait ressembler à une statue de pierre taillée, quelques filets d’une légère fumée a peine perceptible s’échappaient de la base de la statue. En y regardant de plus près, il semblait que quelqu’un soit passé par là peu de temps avant elle.